La tragédie classique rassemble toutes les œuvres françaises du XVIIe siècle, s’inscrivant essentiellement dans la veine aristotélicienne et répondant aux critères imposés par le classicisme dans sa quête d’un idéal esthétique.
Exemples d’œuvres de Jean Racine :
- Andromaque (1667)
- Britannicus (1669)
- Phèdre (1677)
Selon Aristote (IVe siècle av. J.-C.) dans La Poétique, la tragédie doit susciter les sentiments de pitié et de terreur dans un but cathartique. La catharsis, « purification » en grec, désigne la purgation des passions : grâce à la mise en scène de sentiments violents, le spectateur peut se « purifier » en se libérant des siens.
Outre la fonction première dictée par Aristote, la tragédie doit répondre à certaines règles strictes.
- Elle s’inspire d’épisodes mythologiques, parfois bibliques, dans lesquels interviennent les héros : Phèdre est une tragédie ayant pour cadre la Grèce antique et les personnages sont d’inspiration mythologique, l’héroïne est « La fille de Minos et de Pasiphaé », Minos étant le fils de Zeus et Pasiphaé la fille du soleil.
- Les personnages mis en scène doivent donc être exclusivement des personnages illustres, issus des plus hauts milieux, quand il ne s’agit pas de mettre en scène les dieux eux-mêmes : Thésée est roi, Aricie est une princesse…
- Le héros tragique est dès lors confronté à un destin dont il n’est pas maître, souvent victime d’une fatalité ou d’une hérédité impitoyable : Phèdre est victime d’une malédiction lancée par Vénus : « C’est Vénus toute entière à sa proie attachée » (…).
- La tragédie connaît une fin malheureuse : Phèdre finit par se suicider.
- Toute la pièce, écrite en vers, est servie par un langage soutenu, digne de ses personnages. Phèdre est une tragédie écrite en alexandrins : « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ».
- Elle doit répondre à un souci de bienséance en ne montrant que ce que le spectateur considère comme convenable. Bien que dévoilées au public par les dialogues, les scènes violentes doivent être absentes de la scène : la mort d’Hyppolite n’est pas montrée sur scène, mais est racontée par Théramène.
- Aussi, tout ce qui est montré sur scène doit donner une « apparence de vérité », être vraisemblable.
- Sa structure doit répondre, elle aussi, à des règles strictes : la tragédie classique est écrite en cinq actes : le premier est celui de l’exposition où lecteur et spectateur apprennent les éléments nécessaires à la compréhension de l’intrigue, les actes II, III, IV servent l’action, l’acte V correspond au dénouement.
- Le théâtre classique se plie aussi aux exigences des trois unités : l’unité de temps oblige à resserrer l’action dans une durée de 24 heures, l’unité de lieu qui ne permet qu’un seul lieu pour le déroulement de l’action, l’unité d’action qui impose une seule intrigue.