La littérature d’idées du XXe siècle est fortement influencée par l’existence de conflits armés mondiaux. Parallèlement à une presse cadenassée dont la liberté n’a de cesse de reculer, notamment lors de la Première Guerre mondiale, se développent, dans les années 1940, de nouvelles formes de revendications, souvent publiées clandestinement. Avec Desnos et Paul Éluard, deux écrivains surréalistes, ce sont les poésies qui deviennent les fers de lance de la révolte avec leurs œuvres respectives État de veille, publiée en 1943, et Au rendez-vous allemand de 1945 écrit sous le pseudonyme de Jean du Haut ou de Maurice Hervent. Aux horreurs de la guerre, ces artistes opposent leur vision éthérée de la beauté qui constitue un authentique appel à la résistance. Ces courts textes, comme Les Feuillets d’Hypnos de René Char, rédigés sur le champ de bataille, dans l’urgence, constituent d’excellents moyens de communication, notamment pour leur capacité à être facilement mémorisables.
Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale surgit une prise de conscience de l’absurdité du monde, exacerbée par les découvertes macabres et notamment l’existence des camps de concentration allemands. Des romanciers et dramaturges comme Camus, Ionesco et Beckett brossent les contours d’univers déshumanisés dans lesquels toute communication est impossible, l’être humain étant voué à l’errance, l’ignorance et l’inutilité.
Avec l’émergence des systèmes totalitaires en Allemagne et en URSS, de nouveaux écrivains s’engagent ouvertement dans ces débats politiques dont Sartre, avec son drame engagé Les Mains sales, mais aussi André Gide et le dissident Soljenitsyne, qui deviendra le symbole de la résistance à l’oppression soviétique. Ces totalitarismes nourrissent également l’imaginaire de George Orwell qui voit en ces politiques, une volonté de manipulation intellectuelle de la population. Le genre de la dystopie, relayé par Ray Bradbury dans Fahrenheit 451, est aussi l’occasion, en 1953, de critiquer la société de consommation.
La deuxième moitié du XXe siècle et le XXIe, bien que moins fertiles en combats, poursuivent leur lutte contre toutes les formes d’aliénation de l’homme. Dans le drame Incendies (2003), Wajdi Mouawad présente aux spectateurs un monde miné par les violences et la guerre. Avec Soumission et Extension du domaine de la lutte, Houellebecq décrit une société occidentale « où le mal-être est le lot commun [et où] la politique n’apparaît que comme une forme de divertissement particulièrement grotesque voire incompréhensible ».