Aujourd’hui, on s’interroge notamment quant à la place de l'histoire dans la société. Si la pratique historique est très intimement liée à la structure de la société, les historiens se voient confier une véritable mission sociale. Ils doivent ainsi s'interroger sur les possibles finalités culturelles, intellectuelles ou morales de leur discipline. La question de la place de l'histoire dans les sociétés relève tant de la sociologie, de la science politique, de la philosophie que de l'histoire elle-même et de l'historiographie. Se posent aussi aujourd'hui des questions pédagogiques importantes qui imposent de donner des repères de base et conduisent à une « histoire stratifiée » : locale, régionale, nationale, continentale, globale.
L'histoire se situe au centre de la mémoire collective d'un peuple ou d'une nation : elle est un ensemble de références à partir duquel se construit une grande partie de l'identité du groupe social. Ce rôle en fait un enjeu politique considérable : la maîtrise du discours sur le passé par le politique peut être pour lui un moyen de faciliter des desseins de tout ordre. De nombreuses études portant, notamment, sur la vision de l'histoire transmise par les manuels scolaires, montrent cette instrumentalisation du passé à des fins politiques.
Les historiens, par ailleurs, se préoccupent de la mémoire dans l'historiographie. La mémoire humaine est bien sûr tout sauf infaillible, et un témoignage peut être plus ou moins volontairement tronqué ou biaisé. La mémoire est forcément sélective. En outre, se pose la question de la fiabilité de la transmission orale des témoignages.
Un dernier défi est la relation entre histoire et avenir. Les historiens jugent que l’on ne peut anticiper rationnellement l’avenir sans une connaissance précise de l’histoire et des enchaînements de causes et d’événements qui ont conduit aux crises et tragédies passées. Comme la géographie, l’histoire est néanmoins encore souvent tenue pour une « discipline mineure » malgré les conséquences sociales, identitaires et politiques de l’ignorance que cela favorise.