Hormis quelques exceptions comme les quatre maîtres d’œuvres de la cathédrale de Reims cités dans le labyrinthe, jusqu’à la Renaissance, le statut d’artiste n’existant pas encore, de nombreuses œuvres sont produites mais non signées et donc réalisées par des artistes aujourd’hui anonymes. Cet anonymat est source d’expertises et de polémiques dès lors que le style peut être attribué à un artiste mais que son œuvre n’est pas signée. Le décret Marcus promulgué en 1981 impose des directives précises dans la description des œuvres d’art et objets de collection. Les « attribué à », « atelier de », « style », « école de » … sont la hantise des collectionneurs et des institutions muséales.
Lorsqu’Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, baronne Dudevant signe de son nom de plume George Sand, elle revendique à la fois la liberté d’expression et s’engage dans une lutte contre les préjugés d'une société très conservatrice.
Lorsque Marcel Duchamp signe son urinoir intitulé Fontaine (1917) « Richard Mutt », en parodiant le nom du propriétaire d'une grande fabrique d'équipement, il remet en question le statut d’artiste et d’auteur.
Les collectifs et groupes d’artistes créés dans les années 1960, comme Claire Fontaine, « artistes ready-made » auront aussi cette démarche.
Qui se cache derrière les Guerrilla Girls ? L’anonymat revendiqué est source de liberté et il symbolise l’effacement du moi individuel, de l‘« ego » de l’artiste, devant le sujet de son œuvre.
La romancière Elena Ferrante, l‘artiste de street-art Banksy ou encore le duo musical Daft Punk symbolisent l‘ère des artistes contemporains anonymes. Dans un monde saturé d’informations, sur les réseaux sociaux notamment, l‘anonymat est paradoxalement devenu un plan marketing.