Georges Braque, Pablo Picasso ou Juan Gris, ont tous les trois, avec le Cubisme, tourné la page de la représentation. Au lieu de peindre un journal, il suffit de coller un morceau de journal. Au lieu de peindre les lettres typographiques imprimées, il suffit de découper des coupures de journaux soigneusement sélectionnées.
Avec la Nature Morte à la Chaise Cannée de 1912, Pablo Picasso révolutionne la création artistique : il n'est plus question de représenter mais de présenter, directement, fixés sur la toile, des objets (corde pour le cadre) ou matériaux (toile cirée), issus du quotidien.
Les éléments du réel, avec leur matérialité propre deviennent aussi les nouveaux éléments d'un langage plastique qui s'élargit. Il est possible de réaliser des peintures sans peinture, comme pour les étendues colorées de Wolfgang Laib, et des dessins sans papier ni crayon comme pour Richard Long.
Le réel est aussi détourné et intégré dans les œuvres et questionne le statut de celles-ci comme dans les tableaux-pièges de Daniel Spoerri, les installations de Martial Raysse ou les Combine Painting de Robert Rauschenberg. Les artistes du Nouveau Réalisme, seront au plus proche de la réalité puisqu'ils utiliseront directement des matériaux recyclés issus de la vie quotidienne. Les objets ou matériaux compressés (César), accumulés ou cassés (Arman), assemblés (Jean Tinguely) font désormais œuvre. Les Ready-Made de Marcel Duchamp questionnent aussi le statut de l'œuvre et celui de l'artiste. Un objet du quotidien devient alors une œuvre d'art par la seule décision de l'artiste. C'est lui qui choisit ce qui peut faire œuvre et le présente comme tel.