Une œuvre passe à la postérité lorsque, d’un point de vue presque universel, la connaissance (ou le souvenir) de celle-ci est commun à un vaste échantillon de la population. C’est le cas des plus grands chefs-d’œuvre connus sur tous les continents et des œuvres patrimoniales, symbolisant une civilisation.
Mais cette empreinte mémorielle (espace plus ou moins étendu qu'une œuvre occupe dans la mémoire d'un individu) est alimentée de différentes manières : traditions orales et traces écrites (La Chanson de Roland, chanson de geste du XIe siècle, nous est parvenue grâce à une transmission orale fixée par la suite, avec des variantes par écrit), admiration pour le talent de l’artiste, scandales (on pense par exemple au Sacre du printemps, chorégraphié par Nijinsky sur une musique de Stravinski en 1913), disparitions (le tableau de Pablo Picasso, Le Peintre, a disparu dans un crash d’avion au large des côtes de la Nouvelle-Écosse en 1998. Seul un fragment de moins de 20 cm a été récupéré), filiations avec d’autres œuvres plus tardives, anecdotes rapportées (L'Origine du Monde (1866) de Gustave Courbet secrète pendant plus d'un siècle, connue par deux textes seulement qui la décrivaient, est ensuite cachée derrière un tableau d‘André Masson chez le psychanalyste Jacques Lacan).
La postérité d’une œuvre et d’un artiste peut être très fluctuante. Ce n’est qu’en 1866 que le talent de Johannes Vermeer est redécouvert et diffusé par une série d’articles du critique d’art et journaliste français Théophile Thoré-Bürger, consacrés au peintre dans la Gazette des Beaux-Arts.
Les œuvres numériques questionnent la postérité : comment exposer et réactiver des œuvres programmées sur des machines devenues obsolètes ? Postérité suppose d’abord pérennité par la conservation de ce patrimoine immatériel ou par une empreinte mémorielle transmissible de génération en génération.