La pièce 1789 représentée par la troupe du Théâtre du Soleil dans l’un des bâtiments de l’ancienne Cartoucherie place le peuple au centre de son propos, le présentant comme le véritable acteur de l'Histoire, qu’explique Ariane Mnouchkine en 1971 : « Nous essayons de montrer la Révolution jouée tout le temps au niveau du peuple mais avec une distance critique. »

Le spectacle s'attache à représenter la diversité du peuple français à la veille de la Révolution. On trouve ainsi des exemples de personnages comme Marie la misérable, des paysans, des femmes du peuple, figures anonymes et populaires qui constituent les personnages principaux du spectacle, contrairement à une vision plus traditionnelle de l'Histoire qui se concentrerait sur les grands personnages. 1789 montre l'éveil progressif des consciences face aux injustices de l'Ancien Régime, ce qui se manifeste à travers des scènes comme celle de Marie la misérable, qui illustre l'exploitation du peuple par le clergé et la noblesse, ou celle de l'accouchement, qui montre la dureté des conditions de vie des plus pauvres. En outre, les grands épisodes qui ont marqué la Révolution française, comme la prise de la Bastille, sont représentés comme des actions collectives plutôt que comme les exploits d'individus héroïques. Aussi le récit de la prise de la Bastille est-il pris en charge par des conteurs : plusieurs voix se relaient, mettant en avant l'action collective : « On a dit « ça fait rien, plus y aura de morts, plus y aura de blessés, et bien ça comblera les fossés et on pourra passer » et c'est ce qu'on a fait. »

Enfin, le registre de langue utilisé dans le spectacle relève volontairement du registre populaire, parfois cru, loin du discours historique officiel, ce qui permet de donner une image authentique et vivante du peuple révolutionnaire. Ainsi le peuple reprend sa place centrale dans le processus révolutionnaire, en opposition à une vision élitiste de l'Histoire. Le spectacle se termine d'ailleurs sur cette affirmation triomphante d'un personnage : "Citoyens ! Le peuple est vainqueur !"
Cependant, 1789 ne tombe pas dans une idéalisation naïve du peuple : la « distance critique » revendiquée par Mnouchkine permet de montrer aussi les contradictions, les hésitations, voire les excès du mouvement populaire. Cette représentation du peuple révolutionnaire s'inscrit, en  ce sens, dans la vision politique du Théâtre du Soleil, qui cherche à faire un théâtre engagé, en prise avec les réalités sociales de son temps.