Le XXe siècle a vu se développer deux types de régime politique : la démocratie et les régimes totalitaires.

Les régimes totalitaires sont définis par l’absence de distinction entre l’État, la société et l’individu, dans la mesure où ils engagent l’ensemble de la vie sociale en vue d’une idéologie unique (fascisme, national-socialisme, communisme stalinien).

1. Pour Hannah Arendt (Les Origines du totalitarisme, 1951), le totalitarisme se caractérise par :

  • L’exclusion de certaines parties de la population, jugées « superflues » ;
  • L’endoctrinement idéologique ;
  • La terreur des camps de concentration.

Le résultat du totalitarisme est de transformer la personnalité humaine en une simple chose (réification) et d’abolir

« la distinction entre fait et fiction et la distinction entre vrai et faux ».

2. Claude Lefort (L’invention démocratique, 1981) souligne que le totalitarisme est un risque permanent de toute démocratie, du fait de la bureaucratisation de l’État, qui tend à s’émanciper du contrôle des citoyens et, en élargissant ses compétences, à « absorber » la société civile dans un Etat lié à un groupe particulier. La démocratie n’échappe à se danger qu’en réaffirmant :

  • La distinction entre ceux qui exercèrent momentanément le pouvoir et le pouvoir lui-même, par le suffrage universel, qui remet en jeu le pouvoir à intervalle régulier (différence entre la représentation, ponctuelle et soumise au vote, et l’incarnation où l’État se réduit à une personne) ;
  • le maintien d’opinions conflictuelles et diverses dans la société (contre l’idée d’une société uniforme, importance de la pluralité) ;
  • la distinction entre l’ordre du pouvoir, l’ordre de la loi et l’ordre du savoir.