La notion de moi a, en philosophie, été l’objet de plusieurs approches.

Pour certains (comme Descartes), le moi est une « substance pensante », un élément simple et stable qui fonde l’ensemble des certitudes ; il est caractérisé par sa réflexivité (« je pense, donc je suis »).

L’idée de substance a été critiquée par John Locke (Essai sur l’entendement humain) : le « soi (self) » dépend de la conscience et de la mémoire : le lien entre présent et passé forme la continuité de la personne, fondement de la responsabilité juridique.

Une autre approche a défini le moi comme un processus plutôt qu’un état.

C’est déjà le cas de Hume, qui décrit l’introspection comme la découverte d’une « collection de perceptions » dans un « flux et un mouvement perpétuels » (Traité de la nature humaine).
Cette conception a fait l’objet d’importants développements au XXe siècle :

  • Pour Bergson, « notre personnalité pousse, murit et grandit » sans cesse (L’évolution créatrice, 1907) : s’il y a continuité dans le flux des idées et perceptions, il y a aussicréation ;
  • Pour Husserl (Méditations cartésiennes, 1932), fondateur de la phénoménologie (description de ce qui apparaît à la conscience), le moi est comme Descartes le fondement des certitudes, mais c’est parce que son flux est organisé de l’intérieur : le présent de la conscience englobe à titre d’horizons le passé et le futur et la conscience en forme une synthèse. Le moi est moins « quelque chose » qu’une activité d’organisation.