À partir du XIXe siècle, l’unité du moi commence à être remise en doute :

  • Le moi est-il si simple que ce que l’on prétend ?
  • Le moi peut-il se connaître lui-même entièrement par la conscience de soi ?

Nietzsche porte un coup fatal à cette conception unitaire du moi et explore le « monde inconnu du sujet » (Aurore) :

  • Le moi est une fiction grammaticale : parce que nous disons « je », nous croyons être le sujet qui maîtrise toutes ses actions ;
  • Or la conscience n’est qu’une surface, produite par une multiplicité de pulsions et des affects qui restent dissimulées (« inconscientes »).

En inventant la psychanalyse, Freud prolonge ce constat : les représentations conscientes sont des produits dérivés qui masquent des processus inconscients, une logique souterraine des pensées (visible dans les rêves). L’inconscient est une hypothèse nécessaire pour expliquer les lacunes de la conscience (lapsus, mémoire fragmentaire, etc.).

En littérature, le moi était déjà remis en question dans quelques grands textes du XIXe siècle (Dostoïevski, Carnets du sous-sol ; Rimbaud, Une saison en enfer ; le thème du double dans la littérature fantastique) ; le XXe siècle va déconstruire l’unité prétendue du moi : personnages incohérents, récits fragmentaires, narrateurs indignes de confiance, indistinction du rêve et de la réalité…