La méthode Fellini

Durant sa carrière, Fellini a su nouer des collaborations durables avec ses équipes de
tournage, notamment Nino Rota, compositeur virtuose, et ses acteurs fétiches Giulietta
Masina, son épouse, et Marcello Mastroianni.

Il recherchait des comédiens capables d’incarner des archétypes par leur physique et de se laisser « modeler ». En tournage, il les dirigeait un peu comme un marionnettiste. Cela n’excluait pas une part d’improvisation, le script n’était qu’une base. Les acteurs étaient doublés (une pratique commune en Italie à l’époque), ce qui permettait à Fellini de les diriger en direct pendant les prises de vues, et lui offrait un contrôle total sur la bande-son, notamment les bruitages et la musicalité des voix.

Il adorait tourner en studio (surtout le N°5 à Cinecittà) et a eu la chance de trouver des
producteurs capables de soutenir ses projets hors normes, même s’il y a eu des brouilles. Sa rivalité avec Visconti était notoire, mais a poussé les deux réalisateurs à se dépasser.

Le style de Fellini était baroque : des personnages exubérants, une narration éclatée et un mélange entre réel et imaginaire. Le faux ostentatoire pour les décors ne le rebutait pas, il aimait ce côté spectacle.

Le dessin avait une large place dans son travail préparatoire, son premier métier était caricaturiste. Il collectionnait les photos de visages marquants. Inspiré par la BD, le cinéma muet, mais aussi la psychanalyse jungienne et les rêves, il admirait la belle utilisation de la lumière et a noué des amitiés artistiques (Moebius, Scorsese).
Nombre de ses films ont une inspiration autobiographique, qu’il niait pourtant, revendiquant les libertés qu’il prenait avec le réel. Comme tout réalisateur, il avait ses obsessions et ses thèmes récurrents, et s’appropriait les œuvres qu’il adaptait en donnant de celles-ci une vision personnelle parfois éloignée de l’original.

Fellini reste inclassable. Il connait un regain d’intérêt en ce début du XXIe siècle grâce à des projets innovants.