Dans les philosophies de l’histoire (Hegel), la violence et le mal sont considérés comme des moyens pour le progrès de se réaliser : les passions de conquêtes de Napoléon ont été un moyen nécessaire du progrès de la liberté.

Faire du mal la condition d’un bien futur devient de plus en plus difficile au XXe siècle, avec les grandes crises et les deux guerres mondiales :

le mal « c’est ce qui est et ne devrait pas être, mais dont nous ne pouvons pas dire pourquoi cela est » (Ricœur, « Le Scandale du mal », 1988).

Le mal est intolérable et injustifiable : même s’il débouche sur un bien supérieur, il aurait dû ne pas être. La réflexion sur la radicalité du mal, ses causes possibles et son énigme, est au centre de nombreuses philosophies du XXe siècle (Arendt, Jankélévitch, Ricœur, Levinas…)

Pour Hannah Arendt, le mal n’est pas toujours l’effet d’une volonté explicite de nuire ou de détruire : elle montre, à partir du cas d’Eichmann, que les fonctionnaires des régimes totalitaires n’embrassaient pas leur volonté d’éradication, mais faisaient le mal en obéissant à des ordres supérieurs :

  • cette « banalité du mal » est celle d’une pensée qui n’est plus critique, incapable de refuser un ordre immoral : défaut de pensée ;
  • et ce mal qui engage la responsabilité de l’acteur, en choisissant d’intégrer un régime politique, porte une partie de la responsabilité de ses actions.