Jusqu’au XVIIIe siècle, les Mémoires sont surtout des chroniques du pouvoir et de la société, des récits factuels de la vie. L'autobiographie moderne naît avec Rousseau (Confessions) qui propose de « faire un pas dans la connaissance de l’homme » en fournissant, à l’aide d’un « langage nouveau », à chacun un point de « comparaison » par lequel il pourra chercher à se connaître.

Puis, au XIXe siècle, naissance des journaux intimes (Joubert, Delacroix, Berlioz), des récits de voyage (Nerval, Chateaubriand)…

On peut inscrire l’ensemble de ces genres comme des parties de l’écriture de soi : fondée sur l’introspection mais aussi sur la recherche d’une écriture capable de traduire la singularité du moi.

L’écriture de soi se heurte à deux problèmes :

  • Celui de la mémoire et du temps : comment raconter un passé fragmentaire ? Faut-il suivre l’ordre chronologique, de la naissance au présent (Rousseau ; Stendhal, Vie de Henry Brulard) ou bien le flux des associations d’idées (Michel Leiris, l’Âge d’homme) ? Décalage entre le moi qui narre et le moi du passé.
  • Celui de l’authenticité : comment se peindre de manière sincère ? Vouloir être authentique, n’est-ce pas cesser de l’être ? Toute écriture de soi implique une reconfiguration, une reconstruction et pas simplement une description neutre.