La notion de sublime témoigne du changement de sensibilité qui s'opère à la fin du XVIIIe siècle : jusqu’au XVIe siècle, le sublime désigne un style rhétorique abondant et grandiose. À partir des réflexions d’Edmund Burke et surtout de Kant, le sublime vient désigner l’effet provoqué sur le spectateur par certaines œuvres d’art, et surtout par la nature. Le sublime passe d’une caractéristique objective des œuvres à un effet subjectif (car il implique la réaction du spectateur ou du lecteur).
Dans la Critique de la faculté de juger, Kant distingue le beau du sublime : le beau est de l’ordre de la limite et de la forme, le sublime de l’ordre de l’absolu et de l’infini. Le sublime est la manifestation de l’infini et de l’inconditionné dans la nature.
Kant distingue deux espèces de sublime :
- Le sublime mathématique, lorsque quelque chose est si grand que l’imagination ne peut la mesurer adéquatement (par ex. une pyramide égyptienne) ;
- Le sublime dynamique, lorsque la nature présente une force qui pourrait nous anéantir, mais que nous regardons à distance (par ex. une tempête violente que nous voyons depuis le port).
Ce sentiment du sublime a été au centre de nombreuses peintures (Turner, Caspar David Friedrich), romans et poèmes (Hugo, L’Homme qui rit et la description de la tempête, Chateaubriand et la description des chutes du Niagara dans Atala, etc…) et au cœur de l’esthétique romantique.