L’humanisme avait proposé un projet d’éducation intégral, mais encore fondé sur l’individu isolé et destiné à une élite. En revanche, les Lumières insistent sur la dimension sociale et politique de l’éducation.

Ce projet est soutenu par Nicolas de Condorcet (1743-1794) dans ses « Mémoires sur l’instruction publique » (1791) et son « Rapport et projet de décret sur l’organisation générale de l’instruction publique » (1792) présenté devant l’Assemblée législative, après la Révolution Française.

Le but de Condorcet est de « rendre la raison populaire » par une instruction universelle. Pour Condorcet, l’ignorance est la cause principale de la servitude. Il s’oppose à ceux qui (tels Robespierre) désirent gouverner le peuple en s’appuyant sur « un sentiment aveugle » : les passions et les opinions. Il préfère éclairer qu’éblouir, donner à chacun les capacités de juger et de se former ses propres opinions, plutôt que de leur donner des opinions toute faites (des préjugés). L’instruction doit réconcilier la demande d’égalité et la promotion du savoir, réservé jusqu’alors à une élite.

L’instruction doit être :

  • Centrée autour de savoirs élémentaires, acquis à l’école primaire ;
  • Financée par l’État, mais indépendante, dans son contenu, du pouvoir politique ;
  • Fondée sur l’apprentissage des sciences physiques et mathématiques ainsi que des sciences morales et politiques.

Cette instruction doit mener au progrès de l’esprit humain et à la fondation d’un régime démocratique où chacun doit pouvoir juger par lui-même les qualités des représentants.