Éduquer vient du latin ex-ducere qui signifie « conduire ou guider hors-de-quelque chose » : sortir d’un état (d’ignorance, d’inculture) pour en arriver à un autre (le savoir, la culture), supprimer ou corriger la nature afin de la remplacer par de nouvelles dispositions.

Rousseau prend, dans l’Émile ou de l’éducation (1762), le contre-pied de cette vision de l’éducation. Il propose une « éducation négative » qui protège l’enfant des influences corruptrices de la civilisation humaine et consiste à former les sens et les sentiments de l’enfant avant de l’instruire par des apprentissages livresques (vers douze ans).

Selon Rousseau, chaque homme possède « trois maîtres » :

  • La nature (l’ensemble de nos facultés) sur laquelle on ne peut rien faire ;
  • Les choses (l’acquis de notre expérience personnelle) sur lesquelles on peut difficilement agir ;
  • Les hommes, qui nous apprennent à nous servir de nos facultés.

Le but de l’éducation est de réaliser une harmonie entre ces différentes influences, et de prendre pour guide la nature. Cela implique, en pratique, de différer et de repousser l’instruction à l’adolescence, afin de laisser l’enfant développer ses facultés naturelles.

La pensée de Rousseau porte une grande attention à l’enfance : elle n’est plus considérée comme un stade diminué de l’homme, mais est vue comme une période essentielle du développement de l’individu.