La bombe nucléaire, qui s’est abattue sur Hiroshima le 6 août 1945 et sur Nagasaki (le 9 août) a profondément marqué les réflexions philosophiques.

Pour Albert Camus, qui écrit dans Combat un article le 8 août 1945, la bombe, loin de montrer la victoire de la science ou de la paix, signifie que :

« la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie ».

La bombe nucléaire est le symbole d’une civilisation qui coïncide avec la barbarie, car le progrès scientifique se fait l’instrument de la destruction et de la guerre. Camus en appelle au cosmopolitisme.

Dans L’Obsolescence de l’homme (1959), Gunther Anders livre ses réflexions sur cette nouvelle civilisation technique :

  • Il décrit la « honte prométhéenne » de l’homme qui, en se mesurant aux machines qu’il crée, se sent inférieur (en longévité, en capacité, en vitesse…) et cherche à en devenir une.
  • Et l’ « aveuglement face à l’apocalypse » : en devenant de simples travailleurs au sein de systèmes de production qu’ils ne contrôlent pas, les ouvriers ne sont plus des agents, mais des instruments d’une production plus vaste. L’ouvrier remplit sa tâche sans penser à ce qu’il fabrique, ni pourquoi il le fabrique. Il est « neutre moralement et n’entretient pas de véritable rapport à l’avenir ». Ex. d’ouvriers dans une usine d’obus nucléaires qui se mettent en grève parce qu’elle va fermer… Dans ce contexte, l’homme ne peut comprendre le danger de la bombe, car il n’a plus le sens de la finalité et du futur.