Selon le dictionnaire Littré, la magie est«l’art de de produire des effets contre nature». Magie vient du latin "magia", terme dérivé du grec "magos". La magie est la pratique d’incantations, de sortilèges, de charmes ou de malédictions pour contrôler le cours naturel des choses. Elle est donc opposée à la religion. Cette dernière utilise la prière pour supplier et non pour contraindre. Elle se diffuse à l’époque classique en Grèce car la population est encline à croire que les esprits ont un impact sur le monde naturel. Cependant l’utilisation de la magie est ralentie pendant l'époque hellénistique, puisque la compréhension du monde est plus rationnelle. Les recherches sur le sujet situent les origines de la magie dans l’Égypte pharaonique où les premiers praticiens de la magie écrivirent les Physica ouvrages présentant les règles de la magie et les vertus apportées par la nature. Ces connaissances se seraient donc étendues vers l'Orient jusqu'à finalement s'implanter dans le monde romain. On distingue la magie blanche (moyens inconnus du vulgaire) de la magie noire (effets surnaturels à l’aide de démons) dont nous allons parler. Par ailleurs il convient de rappeler que le mot magie (lié à magus – spécialiste de la religion perse – et mages – sages de l’ancienne Perse) a une connotation méliorative. Le mot sorcellerie (lié à sortiarius, issu de sors, sortis : le sort dit ou jeté) a une connotation péjorative. Il s’agit de pactiser avec le diable ou les dieux infernaux. Si la magie est une pratique égyptienne puis grecque avec des magiciennes célèbres comme Circée ou Médée, elle est aussi bien présente Rome. Elle agit parcarmina (bona et mala). Le rituel est donc chanté ; les gestes magiques sont effectués pour guérir un membre fracturé, par exemple, (deux moitiés de roseau que l’on rapproche) s’accompagne de chants (Caton, De agricultura). Pour nous ce rituel s’apparente à la magie, mais les Romains ne raisonnent pas de la même façon : ces gestes ne relèvent pas de la magie mais de la médecine. La magie véritable se définit par une intention malveillante et non par des formes rituelles spécifiques. La preuve en est que les termes venenum(breuvage magique, philtre), veneficium (empoisonnement) ne prirent que tardivement un sens maléfique. Il s’est donc produit à Rome une évolution en deux temps : sous la République, il existe des pratiques qui s’attaquent à l’intégrité des personnes ou de leur propriété (veneficium, malum carmen) mais ces pratiques ne sont pas considérées comme de la magie et sous l’Empire le terme magia combine médecine (qui guérit), astrologie et divination et le magicien suit une longue initiation. L’élite romaine, hellénisée, s’est emparée du terme grec qu’elle associe à veneficium (maléfice). Reste, pour terminer, à préciser en quoi la magie et la sorcellerie se distinguent de la religion, d’une part, des cultes à mystères d’autre part. Quelle que soit l’étymologie du motreligion (à rattacher au verbeligare : « lier », selon Lactance et Tertullien, ou à religere = "recueillir, ramener à soi, reconnaître", selon Cicéron), la religion met l’accent sur l’importance d’un rituel fixé et reconnu par les traditions et les décisions de la cité, la magie sur des pratiques et des procédés plus ou moins fantaisistes, dépendant d’un individu et destinés au "vécu" d’un individu. La religion agit au grand jour, la magie, dans l’univers du secret ; la religion implique la toute-puissance des dieux qu’elle laisse, par conséquent, libres d’agir car ils savent, mieux que les hommes, ce qui est bon pour eux ; la magie, la sorcellerie prétendent persuader les dieux, voire leur commander (parfois avec menaces) d'intervenir pour la réalisation de desseins personnels. On a même pu dire que le monde de la magie était la cité à l’envers, parce que les marginaux de la société antique (les femmes et les esclaves) y règnent, alors que dans la religion officielle ce sont le prêtre, le roi qui agissent au nom de la cité. Il faut cependant faire la différence entre les pratiques magiques et les cultes à mystères :

Dans les cultes à mystères, celui qui voulait devenir initié avait pour but final l’expérience du divin ; dans la magie l’initié poursuit non un but désintéressé mais pratique. La plupart des textes des papyrus semblent destinés à un individu qui en fera usage pour ses seuls buts personnels. D’autre part, dans les cultes à mystères une seule initiation suffit pour transformer un individu ordinaire et l’intégrer au groupe des mystes (= initiés). Dans la magie, au contraire, outre un rituel de départ qui transforme un laïc en magicien, on trouve toute une gamme de rituels qui donnent à un magicien des pouvoirs encore supérieurs.

Il y a différents supports pour pratiquer la magie :

  • Les papyrus : provenant de l’Égypte gréco-romaine, ils ont souvent été détruits (plus de 2000 rouleaux en 13 ap. J.-C. !). Ils contiennent des formules toutes faites, secrètes, qui se transmettent à l’intérieur de cercles fermés.
  • Les tablettes magiques (defixio) : très nombreuses, ces fines lamelles de plomb (enroulées, pliées ou fixées par un ou plusieurs clous) contiennent des textes pour plier un adversaire à sa volonté.
  • Les amulettes (amuletum: objet qui protège) : souvent des pierres ou des bijoux, elles ont des vertus médicales ou magiques.

Les magiciens utilisent divers procédés qu’il est important de connaitre;

  • La devotio : elle consiste à vouer quelqu’un à une divinité, à une puissance surnaturelle. On « donne » son adversaire aux divinités (en « donnant » sa vie, des fonctions vitales) et on prie les divinités d’accomplir quelque chose qu’un humain ne pourrait faire.
  • La defixio : c’est le moyen d’exécuter la devotio, c’est un rite d’envoûtement (souvent au moyen de tablettes magiques). Les objectifs sont divers : Faire perdre un concours, susciter l’amour ou au contraire détacher quelqu’un d’un autre, attaquer les voleurs... Les défixions sont souvent accompagnées du nom d’une divinité (dieux d’en bas).
  • L’évocation : c’est un appel personnel à l’aide de divinités hétéroclites et infernales.
  • L’incantation : c’est un enchantement, dû à la parole. Les prières magiques s’apparentent à de la poésie. La nécromancie ou invocation des morts reste pour sa part une pratique à part: les morts sont considérés comme des esprits magiques, la sorcellerie se déroule souvent près des cimetières de façon à faire agir le mort, du moins son fantôme. Les rituels qui précèdent ce type d’évocation sont précis : offrande de libations (vin, eau, miel, lait ou huile), d’animaux choisis, plus rarement de sacrifices humains. On demande ensuite conseil aux morts pour connaître l’avenir ou pour obtenir une vengeance. L’objectif étant de maîtriser l’avenir.

Enfin Les charmes et envoûtements sont des incantations et pratiques à effet négatif : le magicien évoque un démon particulier dans un cimetière particulier pour lui permettre d’accomplir son désir. Ces envoûtements s’exercent dans le domaine amoureux, mais aussi politique, professionnel. Ce sont des cérémonies secrètes, inquiétantes, nocturnes, souvent sous la protection d’Hécate. Des contre-mesures existent et consistent essentiellement en amulettes (pierres gravées) ou talismans (œil, tête de Méduse, phallus).

La littérature latine est très riche dans l’évocation de ces pratiques: Ovide, Properce, Catulle, mais aussi Virgile, ou encore Apulée.