Une image qui reproduit une œuvre (graphique, picturale, sculpturale, architecturale, …) nous documente sur celle-ci. Par elle, nous cherchons à la comprendre et à faire comprendre l’écart entre ce que nous déduisons à partir de constats sur cette image et la réalité, que nous ne connaissons pas forcément, sur la puissance qu’exerce l’image sur la perception, elle-même reprise en charge par le langage.
Arrachée spontanément au réel en présence d’un objet artistique ou résultat d’un travail (du photographe, du documentariste, de l’historien, du critique, du journaliste, de l’archiviste, de l'artiste lui-même ...), l’image qui reproduit ou représente une œuvre - par divers traitements indiciels et visuels - est toujours le résultat d’un point de vue sur elle. Celui-ci ne vise pas toujours à témoigner de la réalité de l’œuvre, il peut être trompeur. Il peut en effet, de manière implicite ou explicite, en sublimer ou en altérer diverses dimensions (matérialité, échelle, aspects poétiques, puissance critique, accroches sémantiques, ...).
Il convient alors toujours de bien poser la différence entre l’œuvre originale et sa reproduction et de privilégier, pour être un citoyen cultivé, le contact direct, de visu, avec la réalité concrète et sensible des œuvres et non pas seulement avec leur reproduction indicielle, nécessairement incomplète donc trompeuse.
Même les œuvres photographiques sont soumises à cette précaution : reproduite avec une extrême qualité, aux dimensions identiques à celles de l’œuvre exposée, elle est tout de même un succédané dans un ouvrage. Le contexte réel de l’œuvre a disparu ainsi que les dispositifs et conditions de sa monstration, de son exposition.