Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, malgré l’horreur suscitée par la découverte des camps d’extermination, les victimes juives et tsiganes ne sont pas différenciées des autres victimes de la guerre. Les survivants se taisent, les témoignages littéraires comme Si c’est un Homme de Primo Levi passent inaperçus.

Ce n’est qu’à partir des années 1960 et 1970 que la mémoire du génocide des Juifs émerge, à la faveur du procès de criminels de guerre (Eichmann, 1961) et de la libération progressive de la parole des survivants. De films (documentaires ou fictions), des œuvres littéraires (témoignages, romans, bandes dessinées) atteignent un large public. La mémoire du génocide tsigane met plus de temps à émerger du fait des discriminations que cette population subit.

Des lieux de mémoire sont maintenant visibles partout en Europe et les États reconnaissent progressivement leur responsabilité : Willy Brandt devant le mémorial des victimes du ghetto de Varsovie en 1970, François Hollande au Vélodrome d’hiver en 2012 et à Montreuil-Bellay en 2016… Bien que de nombreux pays aient déclaré les crimes de guerre imprescriptibles, les inculpés sont de moins en moins nombreux et leur âge pose question. En 2019 un ancien gardien du camp de Stutthof a été jugé en Allemagne : il avait 93 ans, seulement 17 au moment des faits…