L'organisation du Théâtre du Soleil, fondé par Ariane Mnouchkine en 1964 avec ses compagnons de l’ATEP (Association Théâtrale des Étudiants de Paris), dont Philippe Léotard, Jean-Claude Penchenat, Roberto Moscoso, Françoise Tournafond ou encore Claude Forget. C’est, en effet, sur le travail collectif et l’égalité de salaires que repose le fonctionnement de la troupe, sur la volonté de produire un théâtre qui s’adresse à un public plus populaire, sur des principes de coopération, d’égalité sociale par l’attribution d’un salaire égal, quel que soit le rôle de chacun des membres, et de création collective qui en font une entité théâtrale unique et radicalement différente des structures traditionnelles de l'époque.

Dès sa création, la troupe adopte un modèle coopératif où tous les membres, que ce soient les acteurs, les techniciens, les costumiers ou les administratifs, participent activement aux décisions artistiques et à l’organisation de la troupe. Les acteurs contribuent non seulement à l’interprétation, mais aussi à la recherche et à l’écriture collective des pièces.

Contrairement aux théâtres classiques, le Théâtre du Soleil rejette les hiérarchies rigides : il n'y a pas de vedettes attitrées, et chaque membre de la troupe participe à toutes les étapes de la production, y compris la conception des décors et des costumes. En 1970, la troupe s'installe à la Cartoucherie de Vincennes, un ancien atelier militaire transformé en espace artistique polyvalent et conserve le nom du lieu pour désigner leur espace théâtral. La troupe se produit à la Cartoucherie, mais se déplace partout en France et propose le spectacle 1789 au Piccolo Teatro de Milan. L’éthique de la troupe repose sur l’implication de tous ses membres dans le fonctionnement du théâtre, aussi bien l’entretien quotidien que l’accueil du public lors des représentations. La troupe devient ainsi une des troupes majeures en France, tant par le nombre d’artistes qu’elle abrite (plus de 70 personnes à l’année) que par son rayonnement national et international. Par ailleurs, les bénéfices des spectacles sont redistribués équitablement entre tous les membres, sans distinction de statut ou de fonction, en respectant l’idée d’une égalité totale. Les répétitions, qui peuvent être longues et s’étendre sur plusieurs mois, voire des années, comme ce fut le cas pour 1789 ou encore Le Mahabharata en 1985, permettent une étude attentive des thèmes et des personnages, reflétant un véritable engagement personnel et collectif.

Par ailleurs, le Théâtre du Soleil se distingue par une ouverture à diverses traditions théâtrales, comme celle de la comédie italienne avec la commedia dell arte ou du théâtre japonais avec le théâtre de Nô ou encore du Kathakali indien ou du théâtre balinais, en organisant des ateliers avec des spécialistes dès les années 1970. En outre, le Théâtre du Soleil se revendique comme un théâtre engagé sur le plan social et politique : le spectacle met en résonance des questionnements socio-politiques contemporains, et invite le public à participer à des débats et des rencontres. Le public est intégré par les dispositions immersives au spectacle et s’engage dans la démarche artistique de la pièce.