Toute œuvre d’art est produite pour être contemplée. Tout spectateur est donc indissociable d’une quelconque œuvre. 

Avant de s’interroger sur comment les artistes et les œuvres sollicitent le spectateur, il convient de définir le statut, le rôle et la place du spectateur.

Le spectateur dans l'art a plusieurs rôles : il peut être en accord ou en rejet avec l’intention de l’artiste, s'approprier l'œuvre ou a contrario en être trop distant, voire l’ignorer, apprécier ou non la démarche de l’artiste, le résultat présenté comme œuvre, le projet d’exposition du commissaire d’exposition ou curateur ou galeriste.

Ainsi, que ce soit face à l’intention de l’artiste, à sa démarche et à son projet abouti sous forme d’œuvre ou face au projet d’exposition scénographiée du curateur, le spectateur lorsqu’il s’agit d’un large public, peut être totalement hermétique et passif, mais il peut être aussi, plus initié, plus ouvert à l’art, et devenir contemplatif, actif, participatif ou immergé. Lorsque l’artiste fait participer le spectateur à sa création, le spectateur passe de contemplateur à « spect-acteur » ou co-créateur. 

L’artiste peut provoquer le spectateur, le choquer, provoquer de l’aversion, de l’ennui, de la haine, du dégoût, du mépris, de la répulsion. Ces ressentis, a priori opposés au plaisir esthétique, reposent sur deux processus qui entrent en jeu lorsque le spectateur est confronté à l’œuvre : 

  • d’abord, un appel aux sens, un acte sensoriel par la vue le plus souvent, mais aussi par l’ouïe ou le toucher, parfois aussi par l’odorat ou le goût. 
  • puis, viennent l’intelligence, la compréhension, la sensibilité et le jugement. 

Ces deux processus amènent le spectateur à interroger l’œuvre, son contexte de présentation mais aussi à interroger sa propre faculté à recevoir cette œuvre, en fonction de sa sensibilité, de ses connaissances, de sa personnalité. Le spectateur dans son jugement doit donc aussi intégrer son contexte de réception, contexte qui lui est propre. Il est déjà arrivé par exemple de découvrir une œuvre mais de ne l’apprécier que des années plus tard, dans d’autres contextes.