Comment définir un art féministe ? Est-ce un art qui témoigne de la place de la femme dans la société et des évolutions d’une société patriarcale à matriarcale ou est-ce un art réalisé par des femmes, mises en avant pour leur genre avant d’être mises en avant pour leur talent ?
Pouvez-vous nommer une grande femme artiste ? L’historienne de l’art Linda Nochlin pose cette question et effectivement, il est difficile d’y répondre, non pas parce que les femmes artistes, de talent, n’existent pas mais parce qu’elles sont souvent et longtemps restées dans l’ombre d’un père, d’un mari, d’un maître, ou derrière un pseudonyme protecteur.
L'art féministe reste difficile à définir et à dater, et n'existe pas en tant que mouvement, c’est un mode de pensée, un engagement personnel dévoilé par une création artistique.
L’art féministe, est souvent corollaire avec la recherche ou revendication de visibilité et de reconnaissance des femmes artistes mais aussi un militantisme pour repenser la place de la femme dans nos sociétés.
Au XVIIème siècle déjà, Artemisia Gentileschi, artiste peintre italienne de l'école caravagesque, s’attachait à la représentation des femmes dans ses tableaux, retranscrivant les drames qu’elle a vécu (viol, violences répétées) et montrant toujours les femmes dans des postures dominatrices comme pour conjurer son propre sort.
Rosa Bonheur, peintre et sculptrice française est associée au féminisme à cause de vie émancipée et son allure de garçon, mais rien dans ses créations ne traduit cet engagement. Comme toutes les femmes de son temps depuis une ordonnance datant de novembre 1800, elle devait demander une permission de travestissement, renouvelable tous les six mois auprès de la préfecture de Paris, pour pouvoir porter des pantalons. Elle avait également les cheveux courts. En 1865, elle est la première femme artiste à recevoir la Légion d'honneur. L'impératrice Eugénie la lui remet en mains propres, voulant démontrer que « le génie n'avait pas de sexe ».