Publié en 1933, La Condition humaine décrit des événements qui ont eu lieu à Shanghai en 1927 : les communistes chinois, après avoir aidé les nationalistes de Tchang Kaï-chek, sont massacrés par ces derniers.
Le roman se caractérise par :
- Une réflexion sur le « droit de tuer » : célèbre incipit où Tcheng, un révolutionnaire communiste, doit assassiner un opposant : le narrateur décrit les hésitations de la conscience, alors même que le héros sait qu’il doit passer à l’acte ; tension entre le sentiment du devoir et celui de la responsabilité morale ;
- Une réflexion sur le sens de l’existence : « Que faire d’une âme s’il n’y a ni Dieu, ni Christ ? », demande Tcheng. Au XXe siècle, les fondements absolus du sens de l’existence (Dieu, Christ, etc.) perdent de leur force ; sentiment d’une liberté impuissante, vide.
- Tension entre l’individualité et l’engagement pour un idéal de groupe (révolutionnaire) : solitude irréductible des êtres, qui ne se comprennent plus ;
- Déconstruction de l’identité des personnages, cf. Kyo qui ne reconnaît plus sa voix en l’entendant à la radio : « On entend la voix des autres avec ses oreilles, la sienne avec la gorge. [...] Mais moi, pour moi, pour la gorge, que suis-je ? »
Le roman innove du point de vue du style : discours indirect libre, afin de suivre le point de vue des différents personnages et de traduire l’évolution des consciences ; rythme entrecoupé du récit, qui est une succession de scènes discontinue ; inspiration du cinéma, dans l’évolution des descriptions par plan et focalisations successives…