L’art antique est caractérisé par un mélange singulier de diverses influences qui ont réussi à entrer en interaction et à se nourrir respectivement de diverses influences au rythme des échanges mais aussi des conquêtes et des annexions. Cependant, bien que des civilisations se soient construites séparément et aient montré une maîtrise artistique et technique grandiose comme le fut la civilisation égyptienne, c’est bien la Grèce qui a visiblement influencé grandement la totalité de la production artistique du bassin méditerranéen, tant en inspirant ses voisins, tant en diffusant par le biais de la conquête d’Alexandre les influences asiatiques, orientales et égyptiennes. C’est enfin cet art grec qui a très fortement influencé le monde occidental jusqu’au milieu du XXe siècle dans toutes les formes d’art.
C’est en effet les pays de langue grecque qui influencent tout le bassin méditerranéen et ce depuis le Xe siècle avant notre ère et qui exportent leurs modèles à travers les colonies de la Méditerranée qu’ils fondent. Carthage, mais aussi les villages étrusques qui dominent les sites de Sicile, de Rome de Naples ou de Pompéi. Plaident en ce sens les nombreux temples fondés dans tous ces territoires qui suivent les différents ordres de colonne (dorique, ionique et corinthien). Il en est de même pour l’art de la mosaïque venu lui aussi de Grèce et se retrouvant dans tout l’univers méditerranéen. La conquête d’Alexandre propage ainsi les canons de l’esthétique grecque jusqu’en Inde et en Asie centrale ce qui donnera naissance à l’art gréco bouddhique. Les romains par l’avancée de leur troupe dans la domination de l’Italie rencontreront rapidement ces techniques grecques et étrusques notamment lors de leur arrivée dans la région de Naples et de Pompéi, soit en Campanie. Cependant, c’est par le biais de la conquête de la Grèce, lors de la chute de Corinthe en 146 avant J.-C., que Rome va diffuser les modèles de l’art grec. On trouvera même dans de nombreux palais des copies des œuvres grecques et ces modèles vont inspirer durablement l’art romain et l’art occidental. Les échanges vont se généraliser dans le monde romain qui équivaut sous l’empire à la totalité du bassin méditerranéen.
Si le monde chrétien laisse ces modèles en sommeil pendant le Moyen Âge, il n’en reste pas moins que ceux-ci perdurent dans le monde chrétien orthodoxe et byzantin qui irriguera aussi le monde slave et la plaine moscovite. Par ailleurs, la redécouverte de l’art antique à la Renaissance permet un nouvel essor des créations artistiques, un retour d’un idéal de beauté qui se retrouve en littérature, en peinture, en sculpture et dans tous les domaines artistiques. Les poètes de La Pléiade et, à leur suite, les artistes et littérateurs du Grand Siècle ne sont ainsi que les poursuiveurs des modèles antiques. Versailles et ses sculptures, les grandes tragédies raciniennes à sujet profane ne seraient pas sans l’art antique et son heureuse promotion par les poètes et les artistes de la Renaissance.
En architecture, le XVIIIe siècle et son style néoclassique (temples, frontons, mais aussi nus en peinture) s’en inspire à son tour directement. Le XIXe siècle ne fera pas exception et le style oriental en vogue à sa manière puise dans l’art méditerranéen sans oublier le style antique revenu à la mode sous le Premier Empire. Enfin le XXe siècle en perte de repère se réfugie dans l’entre-deux guerres dans les modèles antiques par le retour sur la scène mythes antiques que le théâtre en quête de réponses initie. Citons ainsi Antigone, Œdipe Roi, La guerre de Troie n’aura pas lieu…
Les arts méditerranéens ont ainsi depuis l’Antiquité innervé les productions artistiques occidentales qu’elles soient dites classiques ou plus contemporaines, si bien que toutes les ruptures artistiques souvent s’inscrivent dans une démarche de refus, de détournement ou de continuation de cette tradition antique. Pour exemple dans Les Contemplations, dans le poème “Réponse à un acte d’accusation”, Victor Hugo, qui veut se détourner de la langue noble de la poésie en refusant les inversions et l’esthétique antique réadaptée de la tragédie racinienne, se démarque de ce passé tout en citant lui-même les références communes de la civilisation et de l’art antiques : « les neuf muses chantaient la carmagnole » , montrant bien que son refus n’est que réappropriation des arts antiques puisque qu’il se met sous le patronage des déesses des arts elles-mêmes.