La civilisation gréco-romaine s’est emparée très tôt des grandes questions surgissant autours de la création du monde. Le terme cosmogonie (du grec cosmos – « univers» etgennao – «engendrer») désigne donc un récit mythologique qui décrit ou explique la formation de l’univers par opposition à la cosmologie qui elle désigne la science décrivant les lois physiques et les principes qui régissent l’univers. La plupart de ces cosmogonies sont des récits oraux qui fondent les religions et civilisations traditionnelles mais certaines sont écrites comme la cosmogonie d’Hésiode intitulée Théogonie (écrite en 700 avant J.-C.) qui traite de la généalogie des dieux, dans laquelle il présente la multitude des dieux célébrés par les mythes grecs où trois générations divines se succèdent : celle d’Ouranos, celle de Cronos, et celle de Zeus qui sort triomphant. À cette généalogie divine s’ajoute une Cosmogonie qui retrace la création du monde à partir du Chaos et cet ouvrage constitue le plus ancien poème religieux grec. Au début du récit, trois puissances principales sont en scène : Gaïa (la terre), Nyx (la nuit) et Éros (l’élan créateur primordial du désir amoureux) dont nous ne savons pas si elles naissent ou préexistent ; s’y ajoute Chaos l’état indifférencié du monde. Tout étant mélangé, les trois puissances s’en séparèrent en plus de l’Érèbe (ténèbres des enfers), et Gaïa engendra Ouranos qui lui engendra Chronos. Ce récit s’est vite imposé comme le meilleur des récits des origines pour les grecs mais il n’a jamais remis en question un des textes fondamentaux bien que contradictoire, à savoir l’Odyssée d’Homère qui est une explication religieuse et mythique de la géographie de la Grèce et du monde méditerranéen. En sus bien sûr, un chapitre important est consacré à la création de l’homme, créés par les dieux pour certains, ou par le Titan Prométhée qui ici assume le rôle du démiurge selon d’autres traditions. Il est donc bien important de connaître le mythe dans ses grandes lignes d’autant que celui-ci sera plus tard châtié par Zeus.
Cette cosmogonie est celle qui a innervé toute la civilisation romaine comme nous le savons par la filiation qu’il existe entre le monde grec et le monde romain. Il convient de rappeler ici le chant I de L’Énéide, où Jupiter annonce à sa fille Vénus le destin qui attend le troyen Énée son fils, destin qui est de voir ses descendants régner sur un monde sans borne après avoir fondé une nation dans la Latium. Certes, le panthéon romain s’est enrichi des croyances étrusques (eux-mêmes originaires de la région de Troie), mais c’est cette tradition qui demeure malgré les spécificités. Cette explication divine de la naissance du monde se retrouve ainsi dans celle des villes et des civilisations auxquelles les dieux président : Troie, Rome, Carthage en sont de bons exemples. Les Dieux, qui sont à l’origine du monde, justifient par leur luttes internes la succession des différents âges (âge d’or, de bronze, de fer), ainsi que les désirs ou états des mortels (punition des hommes lin du monde des idées chez Platon dans Le Banquet) mais aussi des grandes cités comme Rome elle-même, sans oublier de rappeler les héros à leurs devoirs comme lorsque Jupiter dut rappeler à Énée sa mission et précipiter par son messager Mercure son départ de Carthage entraînant la mort de Didon. Aussi, comme par un effet singulier de mise en abîme, genèse et cosmogonies se réverbèrent tant pour expliquer le monde, sa géographie ou la naissance des cités sous l’impulsion des dieux et des destins.
Outre cela, une approche scientifique existe aussi : les philosophes présocratiques, mais surtout les historiens grecs comme Hérodote, et bien sûr Aristote dans son traité du ciel, sans remettre en question les mythes proposent des théories plus savantes des éléments entourant la naissance de l’univers et du cosmos.