Est légitime ce qui est justifié, fondé, dans son bon droit. Est légal ce qui est conforme au droit positif, c’est-à-dire aux lois en vigueur dans un pays. Dans certains États, la grossesse pour autrui est légalement permise et encadrée ; dans d’autres, elle est interdite. L’état de la loi peut être discuté : la loi en vigueur est-elle juste ou non ? Se pose alors la question de sa légitimité : est-ce à bon droit que la loi autorise, oblige ou interdit quelque chose ? Évidemment, il est possible et souhaitable que ce qui est légalement prescrit le soit légitimement.
Cette distinction implique un dédoublement du juste. Il y a le juste selon la loi et celui, réputé supérieur, au nom duquel on juge la loi, et qui doit être défini. Mais n'est-ce pas à la loi de définir le juste, ou, du moins, d'arbitrer entre des conceptions du juste rivales, parfois incompatibles ? Dans le cas d'une loi jugée "illégitime", la question de la « désobéissance civile » apparaît : l’obéissance à une loi illégitime est-elle légitime ?