Les Dieux ne sont pas les seuls protagonistes des grands mythes gréco-romains. En effet, certains mortels se distinguent dans ces récits par leur beauté, leur courage et leur cœur, débarrassent le monde de tel ou tel fléau ou vengent des injustices. Ce sont les héros. Êtres singuliers nous retenons d’eux le courage, la bravoure, mais aussi bien évidemment l’origine divine. Tous ont une ascendance avec des dieux majeurs comme Énée, fils de Vénus, ou des divinités mineures comme Achille, fils de La déesse Thétys et Ulysse est un descendant du dieu Hermès par sa mère. Ces héros ont des trajectoires singulières, exceptionnelles et lorsque ceux-ci sont en difficultés ils bénéficient d’une intervention divine destinée à les éclairer. Certains d’entre eux ne les écoutent et signent là leur perte comme Achille qui pendant la guerre de Troie passe outre les conseils d’Athéna et venge la mort de Patrocle en sachant que cela le conduirait à sa perte. Véritables exemples et références, ces héros mythiques posent par leurs actes et leurs histoires des questions sur la destinée humaine et l’implacabilité d’un destin connu d’avance par les dieux et prédit par les oracles comme ce fut le cas pour Pâris ou pour Œdipe. Quelle liberté reste possible ? Quels actes poser ? Par ailleurs ces derniers appartiennent à des lignées et bien souvent une malédiction s’abat sur toute une famille (Atrides, Labdacides).

Le théâtre grec comme bien des manifestations antiques possède une dimension religieuse (il est né des hymnes en l’honneur de Dionysos) et conserve des scènes rituelles de deuil, supplication, sacrifices. Sur la scène se trouve un autel dédié à Dionysos qui trouve sans mal intégré dans la mise en scène et dans la représentation et ces dernières ont souvent lieu pendant les cycles des fêtes religieuses.  Les sujets de pièces sont très largement choisis dans la mythologie et la vie des héros : Le cycle troyen, la famille des Atrides, les Labdacices, Héraclès… Libations rituels, sacrifies sont intégrés aux pièces et prennent effet sur l’autel de Dionysos. Il n’y a aucun effet de surprise sur le public qui connait ces récits. L’univers est donc familier mais aussi original dans le sens ou tel ou tel auteur insistera sur tel aspect de caractère chez un personnage. Cependant, il est intéressant de montrer que le théâtre grec et les pièces certes connues de tous suivent une évolution qui parallèle à celle de la vie de la cité. Si la religion guide tout en Grèce le droit et la politique tendent à devenir autonome et à acquérir une véritable unicité. Le théâtre est contemporain de ces changements et propose ainsi des questions fondamentales et existentielles pour l’homme. Ainsi dans la trilogie consacrée aux Atrides, les premières pièces nous montrent une justice fondée sur la vengeance aveugle reproduisant meurtre et violence de génération en générations ainsi qu’une satisfaction presque animale de la soif de vengeance. Agamemnon sacrifie sa fille Iphigénie. Sa femme Clytemnestre le fait tuer par son amant Égisthe. Ces deux derniers sont enfin tués par Oreste, le fils d’Agamemnon et de Clytemnestre. Dans la dernière pièce, la justice est rendue différemment puisque c’est le tribunal de l’aéropage qui le juge, montrant ainsi que chaque homme peut rendre compte de ses faits et des gestes devant les hommes et non de ceux de ces ancêtres. Circonstances atténuantes et condamnation du cycle de la vengeance apparaissent. La cité met en lumière ses propres évolutions questionnement et valeurs. Il en sera de même dans le cycle de Sophocle avec ses tragédies autour des Labdacides (Antigone, Œdipe). La civilisation romaine sera pour sa part spectatrice de ces mythes qu’elle nous transmettra et qu’elle représentera à l’envie. Aussi familles maudites, héros, théâtre, et cité sont liés et proposent à chaque fois un questionnement nouveau sur des valeurs fondamentales. Cet arrière-plan mythologique irriguera toute la création théâtrale occidentale par le grand retour de la tragédie au XVIIe siècle mais aussi au XXe siècle avec le retour des mythes à la veille de la seconde guerre mondiale (Giraudoux, Anouilh, Cocteau) témoignage intriguant de leur criante actualité.