L’obligation et la contrainte sont souvent confondues, dans la mesure où toutes deux s’opposent à la possibilité d’agir selon son bon plaisir. Une contrainte est une entrave à la liberté d’action. Or l’obligation ne désigne-t-elle pas le fait d’être lié ou de se lier (« ligare ») ?

Toutefois, l’obligation a une dimension morale que la contrainte n’a pas. Désignant primitivement un lien de droit, l’obligation suppose le consentement, au moins tacite, de l’obligé. Au contraire, la contrainte force à faire, en réduisant voire en supprimant la part de liberté de l’agent. Ainsi, le bandit armé contraint à céder un bien, mais nul n’y est juridiquement ou moralement obligé. Inversement, être « l’obligé » de quelqu’un, c’est se lier par une dette morale et s’engager à une forme de reconnaissance sans y être contraint.

Ainsi, alors que la contrainte réduit généralement notre liberté, l’obligation peut être l’expression paradoxale d’un être libre qui choisit d’obéir à ce qu’il reconnaît être juste.