La romanisation est un mouvement dramaturgique et esthétique qui s’inscrit dans la mouvance de libération du drame classique et est en relation avec la sclérose de la forme dramatique. Cette modernisation du drame est apparue avec le théoricien d’origine russe, Mikhaïl Bakhtine et son apogée correspond à celle du roman : le XIXe siècle.
En effet, le roman est considéré comme émancipateur et il se distinguerait du théâtre et de la poésie, par sa polyphonie, son mouvement, son instabilité et sa résistance à toute définition. Le drame ne copie pas le roman mais utilise ses formes narratives pour faire voler en éclat ce que l’action dramatique a de nécrosé, d’ampoulé, d’amorphe, d’inorganique, figé dans une tradition dont la déclamation ferait partie.
Le procédé touche donc autant la forme du texte que sa façon de le dire et d’en donner à entendre le récit. Le roman domine économiquement et donc esthétiquement le XIXe et à ce titre, il fournit des personnages plus modernes, plus réels, plus souples dans le temps et l’espace, plus labiles peut-être aussi dans leur psychologie : Le théâtre en liberté de Victor Hugo et Le théâtre dans un fauteuil de Musset en sont les premiers exemples. La romanisation du théâtre repense la représentation et le jeu, tout en démultipliant les décors.
La deuxième phase de romanisation est plus naturaliste, des auteurs comme Hauptman, Ibsen ou Tchekhov vont dédramatiser l’écriture des dialogues, en transformant le temps en durée, l’action en état psychologique, l’évènement en récit, le lieu en paysage, le protagoniste en point de vue sur le monde. Notons que toutes ces réformes ne proviennent pas du roman, et que Zola ne se libère pas, dans ses pièces, des conventions, mais en crée de nouvelles en additionnant les règles dramatiques et romanesques, notamment dans Thérèse Raquin.