Le réel désigne les choses telles qu’elles sont en fait. On le distingue d’une part des choses telles qu’elles semblent être, des apparences (quand bien même il y a une réalité des apparences) ; d’autre part de l’idéal, c’est-à-dire des choses telles qu’elles pourraient être ou devraient être. En effet, le réel ne satisfait que rarement – d’aucuns disent jamais – les aspirations de nos désirs et de notre intelligence.
Il est tentant dès lors d’identifier l’idéal à une production imaginaire du désir, qui ne respecte pas « le principe de réalité » (Freud). Toutefois, il ne faut pas forcer l’opposition entre l’idéal et le réel. Un idéal est avant tout une idéalité, une réalité idéelle et non pas matérielle, qui 1. a souvent des effets sur le réel, 2. peut constituer le principe d’une réalisation nouvelle, 3. sert souvent à mieux comprendre une réalité ou à la juger. En ce sens, il est possible de distinguer avec Kant les vagues idéaux de l’imagination des idéaux de la raison, véritables « prototypes » ou « principes régulateurs » pour l’action humaine.