L’emploi ordinaire de ces termes fait de l’explication la cause de la compréhension ou de la compréhension la condition de l’explication. Étymologiquement, expliquer, c’est « déplier » (« ex-plicare ») par le discours, c’est expliciter ce qui est impliqué dans ce qui est à comprendre. « Cum-prehendere », c’est « prendre ensemble », c’est saisir l’unité ou le sens de ce qui est expliqué.

Un emploi technique et spécifique de ces termes a été promu, à partir de l'idée que savoir expliquer une expérience vécue n'est pas la même chose que la comprendre. Expliquer, c’est alors donner les causes qui déterminent l’apparition d’un phénomène. On peut ainsi expliquer la folie ou la pauvreté, en donner les causes. Mais les comprendre, c’est savoir l’effet que cela fait d’être fou ou pauvre. La compréhension suppose alors une forme d’empathie ou de sympathie qui permet de prendre (« prehendere ») en soi ce que vit l’autre. C’est en ce sens que Dilthey peut énoncer, dans Le monde de l’esprit (1926) que « nous expliquons la nature, nous comprenons la vie psychique ».