Kant, dans sa Critique de la faculté de juger, commence par la distinction des puissances de la nature et de l’art : « L’art se distingue de la nature comme le faire (facere) se distingue de l’agir ou de l’effectuer en général (agere), et le produit ou la conséquence de l’art se distingue en tant qu’œuvre (opus) du produit de la nature en tant qu’effet (effectus) ».
L’art possède la vertu de nous conduire de la nature à la liberté, de nous permettre de nous réaliser. Mais l’art se confond-il avec l’artisanat ? Lorsque l’homme réalise un pont suspendu, on parle d’ouvrage d’art. L’art est d’abord une activité qui transforme les éléments matériels.
Si l’art peut désigner un savoir-faire appliqué à la réalisation de quelque chose, il désigne d’une manière plus générale, l’adresse ou le talent avec lequel la réalisation est conforme à une fin. Mais dans ce sens, la technique comme science appliquée s’oppose à l’art. L’art serait alors une fin en soi. L’art resterait alors la création d’une œuvre qui trouve sa fin en elle-même. Il n’a de finalité ni morale ni utilitaire car le beau est indépendant du bien.
L’esthétique serait-elle la science du beau ?