Lors d'une analyse d'une situation pédagogique, il est utile d’apprendre à découper la situation et à ouvrir la pluralité des perspectives. Dans cet ensemble de faits, chercher à comprendre ce qui se passe nécessite de réunir plusieurs clés d’interprétation et de se conformer à l’approche multiréférentielle d’Ardoino (1992) en cherchant une multiplicité de déterminants. Ainsi, pour comprendre l’échec scolaire d’un élève, les premières causes citées se situent souvent au niveau de la personne : « il n’a pas de possibilités, il est lent... ». Ce sont des conceptions figées. D’autres causes seront évoquées : « il a des problèmes familiaux... ». On pense plus rarement aux phénomènes de groupe : intégration dans la classe. Les déterminants institutionnels, eux, sont la plupart du temps oubliés : un changement d’école, des décalages dans les programmes... Ou, en pensant à l’identité professionnelle des enseignants, un « changement institutionnel » peut déclencher une perte de confiance en soi et une crise d’identité qui iront jusqu’à la dépression (Blanchard-Laville, 2013, p. 139-154).
Dans un premier temps, il s’agit donc d’élargir l’appréhension de la situation en multipliant les angles d’approche. On distingue alors ce qui tient :
- aux relations personnelles ;
- de ce qui vient de la situation en groupe restreint ;
- et de ce qui est lié aux rôles tenus dans l’institution.
La simplification vient du fait que chaque acteur n’a qu’une vue partielle et partiale de la réalité, et il s’enferme dans un seul type d’explication. Ce n’est que, hors de l’action, qu’une analyse peut commencer.
Lors du deuxième temps de la modélisation, on va reconstruire un ensemble, une logique des actions, un enchaînement de raisons et de causes ; on vient de séparer, distinguer, déconstruire une situation pour ne pas négliger de considérer des angles d’attaque inaperçus. Pour ne pas procéder seulement à un classement, il faut reconstruire ; ce qui signifie :
- retrouver des liens et remettre en mouvement ;
- retrouver des rapports entre les différents trajets.
La deuxième étape remet du liant entre les différents niveaux en repérant les nœuds sensibles où se croisent, s’influencent, s’imbriquent et s’additionnent les différents déterminants. Ainsi, dans l’échec scolaire d’un élève, on va découvrir l’importance d’une rentrée scolaire tardive (où se combinent des difficultés familiales, un programme déjà commencé, une intégration qui se fait mal, etc.), donc un faisceau de causes situées à différents niveaux : elles s’additionnent et font, en quelque sorte, boule de neige.