L’essai est un genre littéraire caractérisé par une littérature en prose, argumentative où la présence de l’auteur est nettement marquée par l’utilisation de la première personne. Dans son essai intitulé L’Éducation des filles (1933), François Mauriac (1885-1970) utilise la première personne et fait référence à son expérience personnelle de père pour réfléchir sur le problème.
L’essai utilise le plus souvent une écriture personnelle à travers laquelle l’auteur livre une réflexion, voire ses impressions. Dans De l’Éducation des filles (1687), Fénelon (1651-1715) apporte son jugement en critiquant l’éducation donnée aux filles et aux garçons. Il en vient même à accuser les mères de négligence et d’ignorance face à la façon d’éduquer leurs filles.
Les sujets traités sont essentiellement d’ordre philosophique, moral, politique, artistique et parfois religieux. On considère que c’est Montaigne (1533-1592) qui crée le genre en intitulant son œuvre Essais. Ses Essais sont composés de 107 chapitres répartis en trois livres qui suivent le cheminement de la pensée et embrassent toutes les préoccupations humaines. Le travail de l’essayiste rejoint celui de l’homme sur lui-même. Il condamne tout ce qui constitue une atteinte à l’intégrité humaine. Il analyse les faiblesses de la nature humaine et ses imperfections. Il mène une réflexion sur la formation possible de l’homme : la pédagogie - dans le chapitre I, par exemple, il s’interroge sur une nouvelle conception de l’instruction pour les enfants -, les voyages : il propose une réflexion sur ce qu’apportent les voyages, sur la confrontation des civilisations, sur la notion de barbarie.
Par la suite, le genre se développe et l’auteur prend de plus en plus position et défend des théories. Les Pensées (1670) de Pascal (1623-1662) qui défend la foi chrétienne en dénonçant ce qui nuit à la raison ; l’imagination, en proposant une image de la condition humaine et de l’homme sans Dieu, perdu entre deux infinis. Emile ou de l’Education (1762) de Rousseau (1712-1778) propose une réflexion et un modèle d’éducation à travers cinq livres correspondant aux cinq étapes de l’évolution d’Emile. Ecrits sur l’Art (1855) de Charles Baudelaire (1821-1867), essai dans lequel Baudelaire s’impose en critique d’art et en observateur des évolutions de son époque. Il expose aussi une conception personnelle des différents peintres et différents tableaux qu’il évoque. Dans le Deuxième sexe (1949), Simone de Beauvoir (1908-1986) expose sa thèse féministe. Elle y dénonce la condition des femmes, leur éducation : « On ne naît pas femme, on le devient », mais aussi la supériorité de l’homme dans la société. Elle veut définir un portrait de la femme libérée et indépendante.
L’auteur s’efforce, à travers l’essai, de convaincre ses destinataires du bien-fondé de ses positions. Montaigne, dès le début des Essais, s’adresse directement à son lecteur, en le nommant et en le tutoyant pour exposer ses raisons d’écrire :
« C’est ici un livre de bonne foi, lecteur. Il t’avertit dès l’entrée que je ne m’y suis proposé aucune fin que domestique et privée ».
Il propose aussi une délibération sur un sujet qu’il veut éclairer différemment. Dans la partie des Essais intitulée « Des cannibales », Montaigne veut faire réfléchir sur la notion de civilisation :
« Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ».
Il invite ainsi son lecteur à considérer différents points du vue.
Un essai peut refléter la subjectivité de son auteur qui apparaît à travers un lexique plus ou moins mélioratif. Certains auteurs considèrent l’essai comme le moyen de mettre à l’épreuve leurs pensées et de vérifier leur pertinence. Le genre apparaît alors comme une démarche de recherche intellectuelle.