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La poésie du Moyen Âge au XVIIIe siècle

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La poésie baroque

A la fin de la Renaissance, apparaît un style caractérisé par un souci du détail et par la démesure qui se manifeste dans tous les arts. Le terme baroque, du portugais « barroco » signifiant « perle irrégulière », servira quelques siècles plus tard à désigner la production artistique et littéraire de cette première moitié de siècle.

La poésie baroque refuse les formes fixes, elle utilise métaphores, personnifications et comparaisons pour traduire la démesure, l’imaginaire et le goût des contrastes. Les poètes expriment leurs sentiments face à la nature, l’amour et la mort, et composent des poèmes lyriques à la fois heureux et mélancoliques.

La poésie baroque peut aussi être une poésie à vocation critique qui dénonce les tares de l’époque. Cependant, l’importance et le goût pour le genre poétique devient moindre lorsque s’impose le classicisme, même si la plupart des pièces classiques traduisent une grande maîtrise poétique. Parmi les poètes baroques les plus célèbres, on peut citer Jean-Baptiste Chassignet, François de Malherbe, Pierre de Marboeuf, Tristan L'Hermite, Charles de Montausier, Saint-Amand...

La Pléiade

Parallèlement au mouvement humaniste, le XVIe voit un autre courant se dessiner vers le milieu du siècle. Il s’agit d’un courant poétique réunissant sept poètes français parmi lesquels Ronsard, Du Bellay, Jacques Peletier du Mans (remplacé à sa mort par Jean Dorat), La Péruse, Rémi Belleau, Jean-Antoine de Baïf et Etienne Jodelle.

Initialement appelé « La Brigade », le groupe choisit le nom de la constellation inspiré des poètes d’Alexandrie au IIIe siècle. A l’image des poètes italiens, Dante, Pétrarque et Boccace, qui ont choisi la langue vulgaire pour composer, les poètes de la Pléiade veulent renouveler la poésie française en rejetant la poésie médiévale.

S’inspirant des auteurs italiens dont Pétrarque, et des grands auteurs antiques, ils veulent offrir à la langue française des œuvres dignes des Grecs et des Latins. Ils veulent faire du français une langue littéraire et savante, et imposent une littérature nationale. Leurs thèmes privilégiés sont l’amour, la nature, la grandeur de l’univers, la mort, la fuite du temps et la mythologie. Ils veulent célébrer la figure du poète et de ses différentes muses au travers du sonnet, de l’hymne et de l'ode.

La fonction lyrique de la poésie

Le propre de la poésie a toujours été de chanter l’amour. Le lyrisme est le registre privilégié de l’expression poétique des sentiments de l’auteur.

Dans la mythologie, Orphée, considéré comme le premier des poètes, chantait en s’accompagnant d’une lyre. Le terme lyrisme s’étend ensuite à la poésie médiévale et de la Renaissance.

Le lyrisme s’oppose aux registres épique et dramatique dans la mesure où il développe des thèmes comme l’amour, les plaisirs de la vie et les tourments de l’âme. De plus, il permet l’expression des sentiments et des émotions, des regrets, de la nostalgie et du bonheur.

Certains indices d’écriture sont propres au lyrisme :

    a. l’omniprésence du champ lexical de l’affectivité (tristesse, douceur, solitude, amour, chagrin, pleurs, douleurs…) ;
    b. les interjections souvent traduites par des cris de douleur, de désespoir, de nostalgie ;
    c. la structure des phrases qui reflète la sensibilité.

Dans certains cas, la fluidité des phrases et leur disposition servent à exprimer la souffrance ; les figures rhétoriques, et plus particulièrement les métaphores, les comparaisons et les allégories, peuvent refléter les tourments de l’âme.

Cependant, le lyrisme n’est pas un registre exclusivement poétique, il est aussi présent dans d'autres genres tels que le roman, le théâtre ou le genre autobiographique. Le Pétrarquisme naît de l’œuvre de Pétrarque. Il Canzoniere, recueil composé essentiellement de sonnets, considéré comme le modèle de la poésie amoureuse italienne, et qui sera diffusé dans toute l’Europe, relève du lyrisme.

L’auteur y évoque sa passion pour Laure qu’il rencontre à Avignon en 1327. Il célèbre la femme aimée en l’idéalisant. Le recueil apparaît comme l’itinéraire d’un amant et d’un poète qui mêle l’inspiration antique à l’amour, à la réflexion sur le temps et au souci de gloire.

Les poètes de la Renaissance, et plus particulièrement les poètes de la Pléiade, en adopteront la forme et le thème de l’idéalisation de l’amour pour imposer une véritable renaissance du vers français.

La poésie, une démarche esthétique

La poésie répond avant tout à un souci d’esthétisme. Elle embellit la monotonie, la laideur de l’existence et l’amertume des sentiments.

Le texte poétique se donne à voir et à entendre : les sons, les rythmes et les images portent le sens. Le poète doit inventer un verbe nouveau, plus évocateur par son rythme et sa musicalité. Le poète désire retranscrire la réalité, la renouveler et l’embellir par le choix des mots et des rythmes.

Pour Théophile de Banville (1823-1891), la poésie « doit charmer l’oreille, enchanter l’esprit, représenter les sons, imiter les couleurs, rendre les objets visibles et exciter en nous les mouvements qu’il lui plaît d’y produire ; aussi est-ce le seul art, complet, nécessaire, et qui contienne tous les arts ».

Pour Baudelaire, la poésie doit servir la beauté :

« Il m’a paru plaisant, et d’autant plus agréable que la tâche était difficile, d’extraire la beauté du Mal ».

Pour certains poètes, la poésie parvient à accéder à un idéal de beauté, au sublime grâce à l’éveil des sens.

Jean Cocteau (1889-1963) propose sa définition de la poésie :

« L’espace d’un éclair nous voyons un chien, un fiacre, une maison pour la première fois. Voilà le rôle de la poésie. Elle dévoile dans toute la force du terme. Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement. Mettez un lieu commun en place, nettoyez-le, frottez-le, éclairez-le de telle sorte qu’il frappe avec sa jeunesse et avec la même fraîcheur, le même jet qu’il avait à sa source, vous ferez acte de poète ».

Paul Valéry (1871-1945) dans Variété (1927), et plus particulièrement dans la partie intitulée « Théorie poétique et esthétique », présente l’art poétique comme un travail de recréation, par le langage, de l’émotion poétique. Il compare le poète à un chimiste et la poésie à l’élaboration du parfum d’une fleur.

Le rondeau et la ballade

Le rondeau et la ballade sont, avec le sonnet, deux célèbres formes fixes.

  1. Le rondeau

Il est à l'origine un texte chanté grâce auquel on dansait « en rond ». Son origine remonte au XIIIe siècle. Le rondeau se caractérise par la présence d'un refrain et la répétition de sons identiques. Il est composé la plupart du temps en octosyllabes, parfois en décasyllabes. Il ne comporte que deux rimes, et peut se présenter de différentes façons : soit deux quintils encadrant un tercet dont le schéma est le suivant : AABBA/AAB/AABBA, avec un refrain composé de la moitié du premier vers du poème ; soit deux quatrains suivis d'un sizain, avec un refrain qui reprend, aux vers 7 et 8, les vers 1 et 2.

  1. La ballade

Le terme ballade vient du provençal « balar » qui signifie « danser ». Il s'agit également d'un poème qui, à l'origine, était accompagné de musique. La ballade se présente sous la forme d'un poème composé de trois strophes dont le nombre de vers est égal au nombre de syllabes que compte chaque vers, suivies d'un refrain (une demi-strophe appelée « envoi »). L'envoi commence toujours par une apostrophe adressée au destinataire du poème. Le refrain est composé d'un même vers que l'on retrouve à la fin de chaque strophe, y compris dans l'envoi. La ballade ne comporte que trois rimes.

Le sonnet

Le sonnet est certainement la forme fixe la plus connue. Né en Italie, le sonnet est un poème qui, à l'origine, est destiné à être chanté. Sa forme s'impose dès le XIVe siècle grâce à François Pétrarque, et elle est reprise par de nombreux poètes français tels que Ronsard et Du Bellay.

Composé de quatorze vers répartis en deux quatrains et deux tercets, le sonnet est souvent écrit en décasyllabes ou en alexandrins. Les rimes des quatrains sont souvent embrassées, mais peuvent être parfois croisées. Le sonnet se présente selon le schéma suivant : ABBA/ABBA ou ABAB/ABAB et CCD/EDE ou CCD/EED. Sa composition est rigoureuse.

  • Le plus souvent les quatrains expriment une idée, tandis que les tercets en développent une autre.
  • On peut aussi trouver une relation entre un quatrain et un tercet.
  • Le dernier vers d'un sonnet constitue une chute et clôt généralement le poème de façon surprenante.
  • Enfin, la principale difficulté de cette forme réside dans le fait que le poète doit dire beaucoup en un nombre restreint de vers. Il recourt alors à de nombreuses figures rhétoriques.

Les strophes

Les vers sont rassemblés en strophes définies par le nombre de vers qu'elles comportent.

  1. Une strophe de deux vers est appelée un distique.
  2. Une strophe de trois vers est appelée un tercet.
  3. Une strophe de quatre vers est appelée un quatrain.
  4. Une strophe de cinq vers est appelée un quintil.
  5. Une strophe de six vers est appelée un sizain.
  6. Une strophe de sept vers est appelée un septain.
  7. Une strophe de huit vers est appelée un huitain.
  8. Une strophe de neuf vers est appelée un neuvain.
  9. Une strophe de dix vers est appelée un dizain.

Au-delà, les strophes n'ont plus de dénomination.

Par exemple, une strophe de douze vers sera appelée : strophe de douze vers.

Les rimes

  1. Afin d'étudier la richesse des rimes, on distingue :

    a. les rimes pauvres qui n'ont qu'un seul son en commun $\Rightarrow$ « demain/matin »
    b. les rimes suffisantes qui ont deux sons en commun $\Rightarrow$ « bleu/pleut »
    c. les rimes riches qui ont trois sons et plus en commun $\Rightarrow$ « narine/poitrine ».

  1. Concernant la disposition des rimes, on différencie :

    a. les rimes féminines qui se terminent par un « e » muet $\Rightarrow$ « rivière/fière »
    b. les rimes masculines qui ne se terminent pas par un « e » muet $\Rightarrow$ « haillons/rayons »
    c. les rimes plates (appelées aussi rimes suivies) répondant au schéma AABB
    d. les rimes croisées répondant au schéma ABAB
    e. les rimes embrassées répondant au schéma ABBA.

Le rythme

Le rythme se définit dans un poème en vers ou dans un poème en prose selon les accents toniques placés sur la dernière syllabe d'un mot. Le rythme est toujours à mettre en relation avec le sens du texte.

On distingue deux types d'accents :

    a. l'accent tonique situé sur la dernière syllabe d'un mot
    b. l'accent métrique situé à la fin de l'hémistiche (milieu d'un vers de huit syllabes au moins).

En matière de rythme, on distingue aussi :

    a. le rythme binaire lorsque le vers présente deux mesures identiques
    b. le rythme ternaire lorsque le vers présente trois mesures identiques. 

« Je fais souvent/ce rêve étrange et pénétrant (rythme ternaire) D'une femme inconnue// et que j'aime/ et qui m'aime (rythme binaire) » (Verlaine).

    c. Lorsque le vers présente des mesures de plus en plus longues, il s'agit d'un rythme croissant : 

« Ô rage !/ Ô désespoir !/Ô vieillesse ennemie ! » (Corneille).

Le rythme peut aussi dépendre de la disposition des vers et des phrases. On parle d'enjambement lorsque la phrase se poursuit au vers suivant et crée un effet de continuité. On parle de rejet lorsqu'un élément de la phrase est rejeté au vers suivant de façon à être mis en relief. On parle de contre-rejet lorsqu'un élément de la phrase commence à la fin d'un vers pour se développer au vers suivant.

Le vers

Deux types de vers existent en poésie :

  • le vers pair, allant jusqu'à douze syllabes pour les vers réguliers, et jusqu'à vingt syllabes dans les vers irréguliers ;
  • le vers impair que prône Verlaine dans son Art poétique.

Le nombre de syllabes dans un vers est appelé mesure ou mètre, et détermine sa nature.

Les vers de cinq à douze syllabes portent un nom :

  • pentasyllabe (5 vers),
  • hexasyllabe (6 vers),
  • heptasyllabe (7 vers),
  • octosyllabe (8 vers),
  • ennéasyllabe (9 vers),
  • décasyllabe (10 vers),
  • hendécasyllabe (11 vers),
  • alexandrin (12 vers).

Lors du décompte d'un vers, il est indispensable de prendre en compte le « e » muet et la diérèse. Le « e » muet se compte quand le mot suivant commence par une consonne. Il n'est pas à prendre en compte quand le mot qui suit commence par une voyelle ou un « h » aspiré. On parle d'élision quand il n'est pas pris en compte. On parle d'apocope quand il est placé à la fin d'un vers.

Lorsque l'association de deux voyelles forme deux syllabes, on parle de diérèse (expansion). Quand elle ne forme qu'une syllabe, on parle de synérèse (tient).

Les sonorités à l'intérieur des vers ont aussi leur importance. Les assonances sont produites par la récurrence d'un son vocalique (groupe de voyelles) :

« Pour la première fois l'aigle baissait la tête » (V. Hugo).

Les allitérations sont produites par la récurrence d'un son consonantique :

« Elle coupe elle hache effiloche égratigne / Fouaille et fouette à la fois les feuilles éperdues » (Aragon).

L'harmonie imitative consiste à répéter certains sons renvoyant à un bruit particulier :

« Il pleut tout simplement il pleut sans un pli sans une plaie » (Aragon).

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