Du XVIe au XIXe siècle, en Amérique, en Asie, dans les Îles du Pacifique, de nombreux artistes ont pris part aux grandes expéditions afin de rapporter des témoignages visuels de ces ailleurs du bout du monde, à une époque où la photographie n'existait pas encore. Ces artistes explorateurs ont façonné ces terres inconnues avec plus ou moins de vraisemblance. Avec la photographie, les témoignages semblent plus objectifs.
Dans les années 1870, l’américain William Henry Jackson sera surnommé le portraitiste des canyons, qu'il photographie sous tous les angles. Dans des conditions extrêmes, il doit manipuler avec précaution les plaques de verre et ajuster la lentille de sa chambre noire sans oublier les températures agissant sur les flacons d’albumine et de nitrate d’argent.
L’artiste chercheur, ingénieur, inventeur, explorateur pose la question du rôle de l'artiste dans la société, de sa reconnaissance, de son statut et conduit nécessairement à la transdisciplinarité ou à la pluridisciplinarité, entre arts, sciences, technologies, innovations et expérimentations.
Léonard de Vinci est le premier nom auquel on pense. Artiste ingénieur de la Renaissance, il était à la fois scientifique, ingénieur, inventeur, anatomiste, peintre, sculpteur, architecte, urbaniste, botaniste, musicien, poète, philosophe et écrivain. Les traces écrites et dessinées de ses codex, carnets de notes reliant plus de 13000 pages, témoignent de ses activités diverses et corollaires.
Les études d’ingénieur en mécanique d’Alexandre Calder, se ressentent dans ses sculptures aux formes architecturales abstraites. L’artiste invente, innove, cherche à composer avec divers matériaux, explore et cherche à dompter le mouvement.
L'artiste-ingénieur, Nicolas Schöffer, curieux de toutes les nouvelles technologies, invente, en 1948, le concept de spatiodynamisme, c'est-à-dire, selon sa définition, "l'intégration constructive et dynamique de l'espace dans l'œuvre plastique ", à la croisée des arts, sciences, technologies et innovations.